La retraite du travailleur autonome
Par Josée Jeffrey, D. Fisc. Pl. fin.
Focus Retraite & Fiscalité inc.

Le nombre de travailleurs autonomes est en constante progression au Québec. En fait, ils sont presque 600 000 dans notre belle province à exploiter une entreprise indépendante. Pendant les premières années d’un démarrage d’entreprise, le travailleur autonome est très loin de se soucier de sa retraite. Toute son attention et ses énergies sont concentrées sur le développement de ses affaires.

Habituellement, dans les débuts, les revenus sont peu élevés entraînant ainsi une cotisation moindre au Régime de rentes du Québec (RRQ) et peu de marge admissible au titre des REER. Sans compter que le travailleur autonome doit verser lui-même à Revenu Québec une cotisation annuelle sur la partie de ses revenus nets d’entreprise pour laquelle la cotisation à la RRQ s’applique.

Prenez note également que le taux de cotisation à la RRQ passera de 9,9 % à 10,05 % le 1er janvier 2012. Il continuera ensuite d’être augmenté de 0,15 % par année pour atteindre 10,80 % en 2017.

Au même titre que le salarié qui ne participe à aucun régime de retraite, le travailleur autonome doit s’imposer une discipline pour se préparer une retraite confortable. Certes, les entrées de fonds peuvent être moins régulières pour notre fonceur indépendant. Comme la cotisation au REER est facultative, les surplus de l’entreprise sont, la plupart du temps, réinvestis dans l’entreprise pour en assurer sa croissance et dans certains cas, sa survie.

Retraite à 65 ans

Le tiers des travailleurs autonomes anticipe un départ à la retraite à l’âge de 65 ans.  D’ailleurs, ces derniers ne sont pas éligibles à une retraite progressive dès 60 ans pour recevoir la rente de retraite de la RRQ. Ils ne peuvent invoquer eux-mêmes une baisse de revenus de 20 % pour se rendre admissibles à recevoir cette rente avant l’âge de 65 ans à moins de vendre ou de fermer définitivement leur entreprise.

Conséquemment, si le travailleur autonome veut continuer à exploiter son entreprise, il se voit contraint à attendre à l’âge de 65 ans pour demander sa rente. Heureusement, il est assuré de recevoir la pleine pension de la Sécurité de la vieillesse, celle-ci n’est aucunement liée avec les revenus gagnés pendant la vie active.

Conseils pour mieux préparer sa retraite

  • Se fixer des objectifs : à priori, le travailleur autonome doit se fixer des objectifs précis quant aux revenus anticipés à la retraite afin de prendre les moyens nécessaires pour les atteindre.
  •  Prévoir l’épargne au budget : l’épargne systématique représente la meilleure façon de se constituer un capital retraite. Cette épargne forcée doit être prévue dans un poste au budget en plus d’un fonds d’urgence représentant trois mois de revenus nets.
  •  Souscrire à une assurance-invalidité : cette protection est très importante pour assurer les entrées de fonds, en cas de problème de santé.
  •  Contrôler ses dépenses : le travailleur autonome doit aussi établir un budget pour son entreprise. En contrôlant ses dépenses, il pourra dégager des surplus qu’il pourra investir dans un REER ou un CELI ou réduire ses dettes, s’il y a lieu.
  •  Réduire ses impôts : le travailleur autonome est imposé sur ses revenus nets d’entreprises. Plusieurs dépenses engagées dans le but de gagner du revenu d’entreprise sont déductibles. Il se doit d’être bien informé sur les déductions et crédits d’impôt s’appliquant à sa situation. En réduisant son revenu net, il augmente son revenu net disponible.
  •  S’assurer une rente de retraite de la RRQ maximale : au fil des années, s’il maintient un revenu net minimum qui respecte le seuil du maximum des gains admissibles (MGA), il pourra se constituer une rente de retraite maximale

Tout compte fait, la planification de la retraite du travailleur autonome est aussi importante que sa liberté d’action dans son travail. À lui maintenant de prendre les rênes de son avenir financier.

La retraite du travailleur autonome